Monster, le nouveau chef d'œuvre de Kore-eda au Festival de Cannes 2023

L'ÉPOQUE - Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille et Prix du Jury en 2013 pour Tel père, tel fils, Hirokazu Kore-eda revient pour la 7e fois en Compétition au Festival de Cannes 2023 avec son nouveau chef d'œuvre, Kaibutsu (Monster), un thriller sur les liens entre une mère, son jeune fils et le professeur de ce dernier.

17.05.2023 © L'ÉPOQUE PARIS

Par Nereides Antonio Giamundo de Bourbon

L'équipe de Monster © L'ÉPOQUE

Habitué du festival de Cannes, Hirokazu Kore-eda signe son retour en compétition avec un film plus âpre et dérangeant que d'ordinaire.

Minato (Soya Kurokawa), un jeune garçon, a un comportement de plus en plus préoccupant, en cours comme à la maison. Sa mère, Saori (Sakura Ando), décide d’en parler avec l’équipe éducative de l’école. Hori (Eita Nagayama), son professeur, semble être à l’origine de tous les problèmes. Mais à mesure que le mystère se résout, la vérité s’avère plus complexe que prévu.

Des adultes en proie à la dépression et à un travail du deuil impossible à accomplir ; des jeunes adolescents en guerre contre leurs contemporains et pas nécessairement tirés vers le haut par l'institution scolaire et des familles dysfonctionnelles, voire destructrices. Dans Monster, comme dans la plupart de ses films antérieurs (dont « Une affaire de famille », palme d'or à Cannes en 2018), Kore-eda dresse un portrait critique de son pays, mais il s'enfonce plus loin dans la noirceur, l'audace, et évoque même un sujet tabou au Japon : les désirs homosexuels de très jeunes personnages.

Monster de Hirokazu Kore-eda

Avec ses brusques ruptures narratives et sa mise en scène plus inventive que dans ses derniers films, Kore-eda, malgré une dernière partie où il cède malheureusement à son penchant pour la mièvrerie et le sentimentalisme, surprend avec ce « Monster » synonyme de renouvellement. Le nouveau Kore-eda s'achève en outre, au piano, par la dernière partition du grand musicien Ryuichi Sakamoto , récemment disparu.

Documentariste dans sa jeunesse, Kore-eda a passé toute sa carrière de réalisateur de fiction à scruter le "vrai" chez ses contemporains. Chez lui, les personnages vivent, respirent, traversent des drames intérieurs qui sont aussi les nôtres.

Monster - Le Teaser

Si le cinéaste japonais aborde une nouvelle facette des relations humaines et de leurs fractures, Hirokazu Kore-eda s’est aussi entouré d’une nouvelle équipe pour la réalisation de son seizième long-métrage. Il est notamment rejoint par le scénariste Yuji Sakamoto, qui a travaillé sur de nombreuses séries japonaises et sur des films comme We Made a Beautiful Bouquet. Seul Ryoto Kondo, à la photographie, avait déjà collaboré avec le cinéaste sur Une affaire de famille, palmé en 2018.

Monster marque également le grand retour de Kore-eda au pays du soleil levant. Son dernier film, Les Bonnes Étoiles, présenté en Compétition l’année dernière, avait été réalisé intégralement en Corée du Sud. Ce retour aux sources est l’occasion d’une collaboration de grande classe avec le compositeur SakamotoRyuichi qui signe la musique du film. À l’origine des bandes originales de Merry Christmas Mr Lawrence, Gohatto ou encore Ichimei, le musicien, décédé en mars 2023, est un habitué des films en Compétition. Monster est le dernier film sur lequel il a travaillé.